La journée de la Terre, le 22 avril 2021, nous permet de réfléchir au lien que l’Homme entretient avec le corps céleste qui le porte. C’est également l’occasion le temps d’un article de lever les yeux vers les satellites qui observent notre planète afin de mieux comprendre les transformations anthropiques auxquelles celle-ci est aujourd’hui confrontée, et notamment dans le domaine du tourisme.

Observer la Terre avec des données satellites tangibles pour repenser le tourisme de demain

Selon l’UCS, plus de 2100 satellites parcourent le ciel en orbite autour de la Terre et nous permettent de progresser dans de nombreux domaines scientifiques, pour comprendre notre planète et l’impact de nos interactions avec elle. Dans le domaine du développement durable, l’utilisation des satellites d’observation de la Terre comme source de données principales nous permet par exemple de mesurer les impacts des flux touristiques et lors des différentes interactions de l’Homme avec son écosystème.

Si les effets du tourisme de masse peuvent se ressentir sur Terre par une diminution de la qualité de vie locale identifiée par diverses formes de pollutions sensorielles, ces effets sont également observables depuis le ciel à une plus large échelle et permettent de mettre en évidence les externalités négatives suivantes en matière de tourisme :

Consommation excessive des ressources naturelles (énergie, nourriture, eau,..)
Pollution par une génération importante de déchets qui détériore les écosystèmes (par exemple, selon le rapport de 2017 de WWF, plus de la moitié des déchets plastiques en mer Méditerranée proviennent des flux touristiques à proximité des plages).
• Pollution des sols et de l’eau (mauvais assainissement, infiltrations,..)
Destruction des écosystèmes naturels et de la biodiversité qu’ils abritent
• Pollution de l’air et rejet de gaz à effets de serre (selon Nature climate change qui se base sur une expertise scientifique, plus de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre totales dans le monde sont à imputer au tourisme de masse.)

Si les impacts du tourisme de masse en 2020 ont diminué en raison de la pandémie mondiale, cet épisode a également été l’occasion de se questionner sur le modèle vers lequel nous souhaitons tendre demain et grâce à quelle technologie.

En matière de données satellites collectées, il s’agit de définir des indicateurs clefs qui nous permettent d’évaluer la durabilité des initiatives en matière de tourisme. Il est possible dans ce cadre de compiler des observations satellites de plus de 20 mesures pertinentes dont le CO2, les composants polluants de l’air, mais aussi des paramètre liés à la quantité et la qualité de l’eau, ou encore l’artificialisation des sols par exemple. 

Cela permet ensuite de générer des études de cas sur une zone géographique donnée grâce à des tableaux de bord dynamiques qui donnent la possibilité aux décideurs privés ou publics de comprendre les interactions avec l’environnement et comment les actions qu’ils mettent en œuvre modifient le développement durable. En effet, comme toute autre activité économique et sociale, le tourisme a besoin de données et de recherches pour permettre et soutenir son développement réussi et durable.

L’exemple de la respiration terrestre vue du ciel et l’évolution de la couverture végétale pour comprendre les impacts du tourisme dans le monde

La technologie satellite propose des données chiffrées brutes mais également des instants de poésie en images sur lesquels il est possible de poser un regard expert quant à la santé de notre planète. L’image de la Terre qui respire au travers de l’évolution de sa couverture végétale tout au long de l’année fait partie de ces instants, elle permet de dénoter la magie des cycles naturels mais également la fragilité des écosystèmes soumis au changement climatique.

Depuis nombre d’années, la Terre n’a eu de cesse d’envoyer des signaux concernant sa santé. La conscience internationale et citoyenne éveillée depuis le milieu des années 1990 à l’occasion des grands évènements environnementaux mondiaux a permis d’inscrire le développement durable parmi les grands défis du 21e siècle. En ce sens, il s’agit d’observer les changements climatiques qui découlent de l’activité humaine et de la transformation des espaces parcourus par les flux humains

Les images satellites grâce à l’observation de la végétation sur une période de temps donnée nous permettent de visualiser ces évolutions sur le long cours et de mettre en évidence le dérèglement des cycles de renouvellement naturels de la Terre.

Depuis mars 2020, les populations confinées à travers le monde investissent moins les espaces tels que les parcs ou les forêts et les travaux de chantiers et les déboisements ont été en grande partie suspendus. Il s’agit donc de s’interroger sur cette absence de l’homme dans la nature et son impact sur l’état général de la végétation de certaines zones du globe.

Comment rendre compte de ces évolutions ?

Pour rendre compte de l’évolution de la végétation, il s’agit d’utiliser une mesure bien connue des chercheurs dans ce domaine : le NDVI ou l’indice de végétation par différence normalisée. C’est un indicateur graphique utilisé pour analyser les mesures de télédétection, souvent, comme dans notre cas, depuis une plateforme spatiale. Il permet d’évaluer si la cible observée contient ou non une végétation verte vivante, observable par une jolie coloration émeraude présente sur les images satellites obtenues. Cet indicateur est ici un proxy dans le sens où il ne va pas décrire directement les changements de couvertures mais permettra de créer les graphiques et les courbes nécessaires à notre compréhension du phénomène.

En filtrant les données temporellement et spatialement, le NDVI nous permet notamment d’obtenir les cartes suivantes :

Fig 1 : images satellites transformées par le calcul.

On peut y voir des champs et leurs délimitations ainsi que des plantations en cercle, mettant en évidence la présence de végétation en vert et son absence par l’usage d’une bande couleur sable. Cela permet ainsi une mise en évidence végétale utilisée ensuite pour pouvoir suivre son évolution dans le temps par une succession d’images prises à un instant donné.

De la collecte des données à la modélisation d’une respiration terrestre

La forêt Amazonienne et la celle d’Afrique centrale sont généralement considérées comme les poumons de la Terre. Or, avec ces techniques de coloration NDVI et une banque d’images réparties sur l’année entière, il est possible de percevoir de véritables respirations de ces organes planétaires. Et c’est ainsi que la poésie des cycles terrestres peut être mise en évidence par l’usage de calculs NDVI présentés ici et d’images prises du ciel. 

Ci-dessous, vous pouvez notamment percevoir le souffle cyclique de la Terre.

Fig 2 : « L’Europe respire », images satellites, MURMURATION.
Fig 3 : « Le coeur battant de l’Afrique », images satellites, MURMURATION

L’intégration de ces cycles à l’ensemble des cycles terrestres répartis dans le temps nous permet de comprendre le fonctionnement organique de notre planète. On peut y interpréter un cœur battant en regardant l’évolution de la couverture végétale de l’Afrique ou encore la respiration de l’Europe au fil des saisons.

Mais comme tout cycle naturel, il est possible de le bouleverser, et c’est malheureusement la direction engagée par plusieurs actions anthropiques dont fait partie le tourisme. La surface forestière disparaît un peu plus chaque jour et la densité de la biomasse globale diminue. Par exemple, de plus en plus de zones de pauvreté forestière ne parviennent plus à la recommandation d’un taux de boisement supérieur ou égal à 12% indiqué par l’UNESCO. Et malgré le confinement et une suspension d’une partie des activités, entre janvier et avril 2020, en Amazonie, on recense une déforestation 55 % supérieure à celle de la même période de 2019.

C’est en partant de ces constats qu’il s’agit de redéfinir les indicateurs humains pour valoriser les activités durables et respectueuses des écosystèmes. Les mesures comme celle du NDVI nous permettent ainsi de mettre en exergue les impacts positifs ou négatifs sur les écosystèmes sur plusieurs plans d’études révélant des fragilités de notre planète. 

CONCLUSION

Ainsi, en cette journée de la Terre, il est encore utile de souligner ce que les images satellite révèlent déjà si bien : la responsabilité d’action plus durable est primordiale à l’aune des questions climatiques de notre siècle et nos choix en sont la clef. Voir ces transformations permet de rester au stade théorique mais choisir par exemple de vous déplacer dans le monde en considérant la planète que vous parcourez grâce à des initiatives durables vous permet de commencer à agir.